Le repas familial façonné par la société bourgeoise devient la référence d’un vaste mouvement d’éducation domestique, qui se diffuse auprès de toutes les maîtresses de maison, y compris les ouvrières.
L’éducation domestique au secours du repas familial
Le modèle du repas où toute la famille se rassemble, adopté par la bourgeoisie au 19ème siècle, peine à s’imposer dans toutes les couches sociales. Il se heurte, en effet, à des contraintes matérielles. Dans les milieux urbains, le travail à l’usine remplace le travail à la maison et disperse les membres de la famille, hommes, femmes et enfants, occupés par des journées longues de 10 à 15h. Dans ces conditions, il est difficile de se réunir tous à table.
Du point de vue des classes bourgeoises, ne pas suivre le rite du repas familial, c’est aller à l’encontre des bonnes mœurs. La famille ouvrière apparaît ainsi fragilisée. Les femmes qui travaillent sont accusées de ne plus savoir tenir leur maison, privant les hommes et les enfants d’un foyer accueillant. Pour transmettre l’idéologie bourgeoise, de nombreux ouvrages sont édités et des écoles domestiques sont spécialement créées pour les jeunes filles et les ménagères à partir de 1860. Il s’agit de transformer les mœurs ouvrières en inculquant des valeurs d’ordre, d’hygiène et d’économie domestique.