Le repas est un rituel social qui rassemble
Les manières de table renforcent le sentiment d’appartenance à un groupe. La transmission et l’assimilation des codes de bonnes conduites se font dès l’enfance, par l’exemple et par la pression familiale et sociale.
« Pendant qu’on mange, on m’a toujours appris qu’il ne faut pas parler, il faut bien se tenir à table. On ne peut pas faire 36 choses en même temps, quand on est à table, c’est pour manger. Faut respecter la nourriture qu’on a devant soi. Moi, j’ai toujours appris à mes enfants à respecter la nourriture, parce que tout le monde ne peut pas manger comme nous à notre faim. Faut surtout savoir terminer son assiette ».
Bouzid, 57 ans.Entre la bourgeoisie et les classes populaires, on ne rencontre pas les mêmes pratiques de table au 19ème siècle. La manière de présenter et de consommer les plats est différente.
Le « franc-manger » populaire
Dans les milieux populaires, on applique la règle du « franc-manger » : mettre tous les plats sur la table et faire place nette dans son assiette que l’on garde jusqu’au dessert… Le manger populaire a ses propres codes et ce n’est pas seulement par souci d’économie. L’important est de se sentir entre soi, sans faire de manières, dans un esprit de partage et de solidarité : c’est la petite cuillère que l’on se passe à tour de rôle pour mélanger le sucre au café, à la fin du repas.
Les manières bourgeoises ou la distinction sociale
Dans le monde bourgeois, les manières de tables sont caractérisées par le contrôle et la maîtrise des gestes. Ces règlements pointilleux apparaissent comme un instrument idéal pour structurer la famille et contribuer à l’ordre social.
Au 19ème siècle, le dîner bourgeois considéré comme le plus important est le « diner prié », qui est l’occasion de se montrer et d’affirmer son statut. Le protocole est rigoureux. Huit jours avant, les convives reçoivent un carton d’invitation. Le jour convenu, les hôtes sont accueillis dans le salon. Une fois le dîner prêt, le domestique annonce la formule consacrée : « Madame est servie ». Les invités pénètrent alors, selon leur rang, dans la salle à manger et sont placés par la maîtresse de maison autour de la table. Calquées sur le modèle aristocratique, les manières de tables bourgeoises sont établies pour se distinguer du commun.