Les règles de bonnes conduites : comment porter les aliments à la bouche
Les façons de porter les aliments à la bouche ou de se servir des couverts sont le résultat de l’évolution des modes et des mentalités. A la Renaissance, utiliser ses doigts pour saisir la viande n’est pas une faute de goût. La fourchette est alors assimilée à une pique avec laquelle on risquerait de blesser l’intérieur de la bouche.
A table, les couverts restent longtemps partagés par plusieurs convives. Seul le couteau est d’usage personnel. Chacun possède le sien qui se porte d’ailleurs sur soi dans une gaine protectrice. C’est au 18ème siècle que le couvert individuel (cuillère, couteau, fourchette) apparaît sur les tables.
Couverts, mode d’emploi !
Avec l’usage généralisé des couverts, en particulier celui de la fourchette, les aliments sont progressivement mis à distance. Le contact direct avec la nourriture est évité créant d’autres normes dans l’art de manger. Mais il s’agit là moins d’un souci d’hygiène que d’une volonté de discipliner le besoin élémentaire de manger par des gestes précis et contrôlés. Il faut maîtriser le corps : déglutir sans bruit, ne pas manger la bouche ouverte, se tenir droit…
Le souci de se tenir à table de manière distinguée entraîne la fabrication de nouveaux objets, qui permettent aux classes aisées de se distinguer. Dès le 18ème siècle, les couverts se spécialisent, telles que la fourchette à huître, la fourchette à escargot ou la cuillère à melon. De nouveaux ustensiles apparaissent, ce qui nécessite d’en connaître le fonctionnement pour s’en servir. Il faut, par exemple, savoir peler en spirale une orange avec un couteau spécial, mais s’abstenir de couper le pain à table.
De nos jours, manger avec les doigts en société est admis en certaines occasions. Certaines cuisines invitent spontanément à ce geste, comme le fast-food : difficile de manger un hamburger autrement qu'avec les mains.