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Moules à spéculoos, 18ème siècle, Bois, Coll. Musée de la boulangerie de Furnes (Belgique).

Les spéculoos adoptent généralement la silhouette de saint Nicolas. Dans les régions protestantes comme les Pays-Bas, il est remplacé par des personnages civils, des scènes religieuses ou des animaux. Une tradition veut qu’un couple s’offre mutuellement un spéculoos en forme d’homme et de femme lors de la Saint-Nicolas.

Patacons, Fin 19ème siècle, Plâtre et peinture, Coll. Musée de la boulangerie de Furnes.

Au 16ème siècle, le patacon est une monnaie d’argent espagnole qui orne les gâteaux de Noël appelés vollaards. Il est ensuite remplacé par un médaillon en plâtre orné de scènes aux couleurs vives. Aujourd’hui, des étiquettes en pâte d'amande, en sucre ou en chocolat s’y substituent.

Détails de moules à gaufre, 16ème siècle, Cuivre, Coll. Musée de la boulangerie de Furnes (Belgique).

Les motifs non figuratifs présents sur ces moules suggèrent une origine du 16ème siècle. Il faut en effet attendre le 18ème siècle pour qu’un motif figuratif, humain, animal ou religieux, orne les moules à gaufres.

Gaufriers, 19ème - 20ème siècles, Fonte, Coll. C.H.L.

Ces moules, fabriqués en fer forgé puis en fonte, servent à confectionner des gaufres sèches. Celles-ci sont appelées « strinjes » en flamand qui signifient les « petites étrennes ». Certains décors rappellent le soleil ou le renouveau de la nature : un panier d’abondance, un oiseau sur une branche en fruits.

Devanture de la pâtisserie Emile Gilloen à Tourcoing, Milieu 20ème siècle, Photographie, Coll. C.H.L.

« A Tourcoing, tout le monde allait chercher la galette russe chez Gilloen ou ailleurs, parce qu'il y avait différentes écoles, mais je crois que c'était plutôt Gilloen qui avait la côte. Moi j'allais en chercher une tous les midis. » Thomas, 67 ans, retraité.

Que mange-t-on ?
Gourmandises
A la maison

Au 19ème siècle, dans les familles modestes, la mère de famille accommode les restes pour préparer de nombreuses petites friandises et afin égayer le quotidien. Le pain perdu, aussi appelé « pain crotté », est fait de tartines trempées dans un mélange de lait et d’œufs battus, puis passées à la poêle et saupoudrées de cassonade. Le sucre blanc n’est alors pas un produit abordable.

Si aujourd’hui les plats sucrés se sont considérablement diversifiés, ils participent toujours de la même envie de faire plaisir aux enfants, aux proches et aux amis. Ils représentent un moment de fête et font partie des souvenirs d’enfance.

Une tourquennoise évoque les spécialités de sa grand-mère d’origine belge :

« Je me souviens que ma grand-mère, sa spécialité c’était les pâtes au sucre, c’est un truc rigolo les pâtes au sucre, ou à la cassonade [...] et il y avait les tartes au sucre ».

Dorothée, 66 ans, retraitée.

Un autre témoignage évoque l’odeur du caramel parfumant la cuisine :

« Il y avait une sorte de dame de compagnie ou de femme de ménage qui vivait chez ma grand-mère et elle faisait des caramels sur sa plaque de cuisinière au charbon et ça sentait bon. »

Thomas, 67 ans, retraité.

Gourmandises en partage

Petits gâteaux et friandises sont offerts à l’occasion des fêtes. S’ils portent des noms différents de part et d’autre de la frontière franco-belge, des similitudes dans les traditions en montrent les origines communes.

Décembre

La Saint-Nicolas, fêtée le 6 décembre, est l’occasion de s’offrir des spéculoos en Belgique, au Pays-Bas, en Allemagne et dans le Nord de la France. Ces gâteaux parfumés aux épices représentent traditionnellement la silhouette de l’évêque saint Nicolas. Progressivement l’iconographie s’est élargie à beaucoup d’autres sujets religieux ou profanes, comme le montre la collection de moules en bois du musée de la boulangerie de Furnes en Belgique, dont certains remontent aux 17ème et 18ème siècles. A Tourcoing, des pains d’épices toujours décorés de l’image du saint patron sont distribués aux enfants dans les rues par saint Nicolas accompagné de son baudet.

Les coquilles, ou « cramiques », sont des brioches aux raisins offertes aux enfants le matin de Noël. Le mot vient peut-être du mot flamand « kocke » (prononcé « couque ») qui signifie « gâteau ». En Belgique, il est appelé « vollaard » et est orné d’un disque peint, le « patacon ». Coquilles et bonbons sont encore aujourd’hui distribués dans les écoles en fin d’année.

Janvier et février

Les gaufres sont offertes pour souhaiter la nouvelle année aux proches. Cette tradition se perpétue encore dans certaines familles :

« Quand j’étais jeune, pour la nouvelle année, on faisait des gaufres qu’on allait porter dans la famille pour se ‘mettre en bon an’ comme on dit dans le Nord. Les jeunes vont voir les plus vieux. Il fallait faire le tour de la famille et quand on arrivait chez les gens, ils nous offraient le café et ces gaufres de nouvel an. »

Thomas, 67 ans.

Les craquelins, petits gâteaux secs, sont également au cœur d’une fête rituelle. On en donne généreusement aux enfants. Dans les estaminets, le lundi de la mi-carême, ils représentent des prix distribués aux membres des sociétés de loisirs. Ces gâteaux sont toujours une spécialité vendue dans les boulangeries du Nord.

Confiseries et spécialités

Le 20ème siècle est marqué par une augmentation significative de la consommation mondiale de sucre. Dans les centres urbains, les pâtisseries-confiseries se multiplient. Après la Seconde Guerre Mondiale, on en compte près de 200 dans le Nord. A Tourcoing, la chocolaterie Saint-Jacques fondée en 1887 confectionne ses propres confiseries : « bonbons fourrés, suisses, anglais et russes, caramels, nougats, gommes, bonbons fins de chocolat en bouchées et des nouveautés continuelles. » Publicité de la chocolaterie Saint-Jacques.

Aujourd’hui, certaines enseignes ont encore pignon sur rue et vendent des spécialités locales comme les craquelins, les couques aux rogins (petites brioches aux raisins) et les galettes russes (biscuit fourré d'une crème moka) qui font leur renommée.