La chicorée est une boisson de tradition dans de nombreuses familles du Nord. Additionnée de café ou de lait, elle se boit à toute heure du jour, à la maison comme sur le lieu de travail.
La chicorée exalte un parfum doux-amer caractéristique du caramel. Pour certains, cette odeur rappelle des souvenirs d’enfance, pour d’autres elle fait encore partie du quotidien. L’âge moyen de ses consommateurs varie entre 50 et 70 ans. Pour s’adapter à sa clientèle, la chicorée en grain s’est modernisée pour devenir soluble, voire liquide.
Une filière représentative de l’agro-industrie du Nord
Si la chicorée était autrefois cultivée dans plusieurs départements de France, elle devient une des filières les plus représentatives de l’agriculture du Nord qui assure encore près de 95% de la production française.
Le grand développement de l’industrie de la chicorée remonte au 19ème siècle. En 1806, le blocus continental décrété par Napoléon Ier empêche tout navire en provenance des Antilles britanniques de livrer dans les ports européens les produits exotiques tels que le sucre et le café. La chicorée, en même temps que le sucre de betterave, devient donc un produit local de substitution.
Vers 1850, les premiers signes d’une production industrielle de la chicorée apparaissent : des entreprises de plus en plus nombreuses (37 à Valenciennes, 18 à Lille et 10 à Tourcoing), un marché régional et national en expansion grâce à la mise en place du réseau ferroviaire, la mécanisation et l’électrification des différentes étapes de la fabrication du produit. L’accroissement des ventes à partir des années 1870 permet de dégager des bénéfices réinvestis dans la modernisation des installations et dans la réclame.
Des stratégies publicitaires précoces
Face à la concurrence entre les nombreux producteurs de chicorée, les emballages font l’objet d’un soin tout particulier. Les étiquettes sont le support favori du message publicitaire : la typographie et l’illustration permettent de se distinguer parmi une kyrielle de marques. Les images sont inspirées de sujets populaires : la ménagère et la bourgeoise, des personnalités locales et des symboles nationaux, ou encore l’actualité politique.
Au-delà des particularités des unes et des autres, ces étiquettes ont toutes en commun de mettre en avant la qualité du produit. Distinctions et médailles apparaissent comme un gage de qualité sur les paquets. Les bienfaits supposés de la boisson font également partie des arguments de vente. La chicorée ne doit pas être un ersatz de café pour consommateurs peu fortunés mais bien un « aliment-santé » paré de toutes les vertus.