De nouveaux impératifs fonctionnels
Jusqu’au 17ème siècle, la préparation du repas s’organise autour de l’âtre, qui dispense lumière, chauffage et chaleur pour cuisiner. Les ustensiles sont placés à portée de main : aux murs pendent les casseroles, sur les étagères se trouvent les pots, au pied de la cheminée le trousseau de pinces et de broches à rôtir. Le mobilier est principalement composé d’un vaisselier et d’un garde-manger. Un cellier ou une cave peuvent compléter le dispositif de conservation des aliments au frais.
L’arrivée des nouveaux réseaux d’énergie, l’électricité, le gaz, ainsi que l’installation de l’eau courante, bouleversent l’aménagement des intérieurs au 20ème siècle. C’est d’abord dans le logement social que la modernisation des cuisines se fait. La cuisine doit concilier surface réduite, hygiène et confort. Ainsi, les plans de travail sont unifiés, les ustensiles, autrefois en accès direct, sont rangés et cachés dans des placards pour libérer l’espace et faciliter le nettoyage.
La cuisine comme science domestique : le « Tout en ordre »
Après la Première Guerre Mondiale, la crise de la domesticité et le travail des femmes pose le problème de la gestion des tâches ménagères. Une véritable « science domestique » voit alors le jour mettant au point des méthodes présentées comme infaillibles pour gagner en efficacité et en temps.
Ce courant de rationalisation, influencé par le taylorisme, organise la cuisine pour un maximum d’efficacité et d’ergonomie. Les moindres opérations et gestes de la ménagère sont analysés et décortiqués. Les différentes tâches sont clairement définies et séparées : conserver, préparer et cuire les aliments.
Les fabricants répondent aux nouvelles attentes en proposant du mobilier fonctionnel et standardisé. L’organisation de la cuisine ne cesse de se perfectionner et celle-ci devient le lieu privilégié du progrès technique : frigidaire, néon, robot électrique.
La cuisine laboratoire remise en cause
La spécialisation de la cuisine comme lieu de la préparation des repas a donc finalement cantonné la femme dans un rôle de cuisinière.
Cet espace a aujourd’hui d’autres utilités. C’est une pièce à vivre à la fois fonctionnelle et conviviale, dans laquelle on se retrouve pour discuter, manger, et même recevoir.